Historique

L’historique présenté ci-dessous est le texte de Suzanne Lacroix, rédigé pour la Revue Pyrénéenne (n°88 4/1999) pour les 100 ans du CAF de Bagnères en 1999, d’après le remarquable travail d’archivage de Jean Arricaud.

L’article est téléchargeable ci-dessous au format PDF. Pour le lire, vous aurez besoin d’Acrobat Reader. Nous avons également mis à disposition un article de 1997 de Gabriel Joly traitant de l’histoire de la Société Ramond (dont le CAF émane) et rédigé lui aussi pour la Revue Pyrénéenne.

 

Icone PDF Télécharger l’historique du CAF paru dans la Revue Pyrénéenne (PDF) Icone PDF

10 mai 1899
La section CAF de Bagnères est homologuée par la direction nationale. Il est en fait, à Bagnères, l’émanation sportive de la Société Ramond, créée en 1866, association de recherche géographique, topographique, naturaliste et géologique dont les premiers “cafistes” sont tous membres. La Société des Excursionnistes Bagnérais (SEBB), créée en 1890, avait précédé le CAF, et les deux s’organiseront en fédération.

 

1899
40 présents pour un circuit autour de Bagnères. Les sorties sont fréquentes, la section propose même des sorties spéciales collégiens, des réunions, une bibliothèque, une exposition photo et des conférences. Les grandes excursions pour les plus de 3000 se font sur plusieurs jours, mais sont peu fréquentées. Seuls quelques privilégiés disposant de temps de loisir suffisant sont intéressés.

 

En 1901
Le CAF compte 47 adultes et 12 juniors. Notables de la ville, 2 “cafistes” devront parrainer tout nouvel adhérent, justifiant de son honorabilité. Leurs préoccupations sont en accord avec les directives du CAF national :

      • Inciter à la découverte de la montagne,
      • Améliorer sentiers et gîtes, fournir des descriptions d’itinéraires (le sentier Gripp-Orédon fut créé en 1902 par le CAF de Bagnères),
      • Information et publicité.

La Mairie offre un local, dont il faudra partir en 1930, lorsque le musée sera édifié sur son emplacement. Les réunions auront alors lieu au café, jusqu’en 1968 où il retrouvera un local au musée. A partir de 1994, le musée reprend ses droits et le CAF est à nouveau relogé par la Mairie.

 

1901 toujours
Avec porteurs, un groupe part de Luchon et passe par le col de Venasque, la Rencluse, la Maladetta, Nethou, le col de Sahun, Bielsa, Aragnouet, le Néouvielle, le col d’Aumar, Port Bieilh, Caderolles et Gripp pour arriver à Bagnères en 6 jours.

 

1902
4 personnes dont une dame au Néouvielle : on prend un jour pour aller vers le départ de la course, à vélo, en calèche, après le train, et autant pour revenir ! Des raids, on rapporte des témoignages précieux. En Août, le Congrès National du CAF a lieu à Bagnères, peut-être grâce aux attaches amicales du président national (Schrader) avec Bagnères.

Bulletin Pyrénéen
Cliquez sur le bulletin pour l’agandir

1903
Première hivernale du Lac Bleu par Le Bondidier, secrétaire du CAF de Bagnères avec 2 compagnons. En février 1903, nouveau tour de force : Pic du Midi, Lac d’Oncet, col d’Aoube, Lac Bleu, Chiroulet. Et en mars, première hivernale du Montaigu par des Bagnérais.

 

Fin 1907
Les Pyrénées comptent une centaine de skieurs. Le Bondidier devient un skieur enthousiaste, initiateur technique et remarquable organisateur. Le CAF de Bagnères organise à Payolle une fête des sports de neige.
En décembre 1907 et février 1908, ont lieu des courses ou concours de vitesse, de distance, techniques, de descente avec arrêt, sauts, luge, mais à chaque fois sans intention de compétition sportive. En annexe du CAF est créé le Ski Club Bagnérais ayant le même bureau que le CAF.
En 1907, 2 Bagnérais font partie de la commission centrale d’organisation du IVème concours international de ski qui aura lieu en 1910 dans les Pyrénées, et dont la réception de clôture se déroule à Payolle.
Le Bondidier est à l’origine de la création de la “Fédération de ski Franco-Espagnole” en 1912. Il oeuvre pour que la “Fédération des sociétés pyrénéistes” se transforme en fédération internationale qui lors de son premier congrès décide la création d’un championnat annuel de sports d’hiver dans les Pyrénées.
Jusqu’en 1924, le CAF de Bagnères participe à l’organisation des championnats de ski locaux, dont le théâtre se déplace de Payolle à Gripp. Le refuge édifié par le CAF à Payolle en 1910, gardé, pour skieurs, fermera en 1913, déserté par eux.
L’hôtellerie du lac d’Orédon a été créée en 1919 par le CAF de Bagnères, associé au Touring-Club, dont Le Bondidier est également secrétaire. En 1920, l’Assemblée Générale décide de réinstaller l’hôtellerie de Sencours.

 

1921
Une crise éclate au CAF de Bagnères qui se dissout, pour renaître en 1922. Il ne reste aucun document sur les raisons de ce sabordage ou sur la renaissance. Nouveau président Rayssé, Le Bondidier s’est investi ailleurs (musée Pyrénéen de Lourdes et Fédération des Sociétés Pyrénéennes).

 

1923
Cette fédération dresse un inventaire des refuges, cabanes, abris et hôtelleries près de Bagnères.

 

1924
La section présente à la Fédération 5 candidats guides et 3 candidats porteurs pour l’obtention d’un brevet CAF.

 

1925
La section compte 86 adhérents. A. Lacoste est président. Professeur d’histoire et géographie et secrétaire de la Société Ramond, il est aussi écologiste avant l’heure et avant l’apparition même du mot puisqu’il fonde un groupe de défense de l’environnement. Il est également ami de Schrader.

 

1930
Le CAF de Tarbes devient CAF des Hautes-Pyrénées et Bagnères n’est plus que présent aux Comités Départementaux.

 

1937
Ch. Lacoste, président du CAF de Bagnères obtient une subvention pour réaliser un tremplin de saut à ski. Une nouvelle vague de montagnards arrive avec J. et R. Garcia qui réalisent en 1935 la première des Crêtes de Pène Nère, de la Hourquette Médète aux Quatre Termes. Ce sont des montagnards complets : escalade, ski de randonnée et de piste, membres actifs du CAF, ils participent aux expéditions françaises dans l’Antarctique.

 

Autant la section de Bagnères a été dynamique au départ, autant elle entre en stagnation passive dans les années d’après guerre, quand s’affirme par ailleurs la vitalité du pyrénéisme sportif en escalade et ski. Elle est alors dépassée par Tarbes et Pau.

 

Les départs se faisaient toujours à vélo à partir de Lourdes. Il fallait 3 jours pour le Néouvielle, les Gourgs Blancs ou le Balaïtous. On essayait de profiter des camions d’ouvriers partant pour l’usine EDF. Pour l’Arbizon, on dormait au Camoudiet.

 

1943
Les cols frontaliers sont franchis par les patrouilles ennemies tandis que le champ d’action de nos montagnards se réduit aux versants Nord, sauf autorisations spéciales rares. En 1946, la section compte 46 adhérents. Cette année là, le cahier de courses comporte beaucoup d’escalade : aménagement du rocher école de Salut, perfectionnement au Marcadau ou au Tucou. Les meilleurs grimpeurs se regroupent au sein du GPHM en 1947 et le club montagne du Lycée est à nouveau animé par le CAF. Garcia publie un guide d’itinéraires à ski de randonnée.

 

1947
Une grave scission due à l’augmentation de la part nationale dans les cotisations coupe la section en deux. La moitié des adhérents se regroupe en “Groupe-Montagne-Escalade” affilié à la FFM et propose 3 niveaux pour chaque sortie. Un autre groupe de montagnards chez Soulé, se voulant plus populaire, concurrence le CAF. Ce groupe disparaît en 1949, ce qui n’empêche pas la section CAF de Bagnères d’être en 1950 et 51 la plus petite section de France avec ses 23 adhérents. Le renouveau viendra avec l’adhésion au CAF des grands noms du pyrénéisme : Clos en 56, de Bellefon en 57 ainsi que R. Despiau qui signeront de grandes premières et participeront aux grandes expéditions françaises : Annapurna, Everest, Nanga-Parbat.
L’impulsion est donnée et dès 1957, la section reprend de l’envergure avec son président Sauton : le nombre des adhérents double en deux ans et atteint 139 en 64.
En 1965, 25 séances d’escalade réunissent 270 participants dont 70% de moins de 20 ans, ce qui fournira une pléiade de grimpeurs aux résultats enviés. Un groupe de spéléo s’active alors avec Clos. En 65, le GPHM compte 24 Bagnérais pour 232 membres.

 

1964-1974
Le ski de randonnée bat son plein au CAF de Bagnères avec Ternet et Ségalas : l’équipe de Bagnères est 1ère au IIème rallye international du CAF en 1960, 3e au IVème rallye des Pyrénées en 62 et médaille d’or au trophée du Pic d’Anie en 64. Au IIème rallye international CAF-CAI, Bagnères remporte la coupe de la section la mieux placée.

 

La section eut un enfant en 1969 : le refuge de Campana, qui fut reconstruit en 1979 après un incendie d’origine inconnue. Non construit pour être gardienné, il le fut pourtant en 1982, et malgré sa petite taille et l’exiguïté du logement du gardien, il abrite vaillamment ses 1680 nuitées estivales. Campana est seulement un lieu de détente pour pêcheurs et promeneurs, puisqu’il n’y a alentour que des sommets de moins de 500 mètres de dénivelé.

 

Depuis, la section se maintient, en nombre et en activité, malgré le peu de vocations pour les tâches administratives et l’encadrement : il n’y eut pas de président en 1987 !

Photo des présidents historique du club alpin de Bagnères-de-Bigorre
4 préssidents de Bagnères : Jean Segalas, Suzanne Lacroix, Alain Salles et Bernard Clos

En 1996, sur 420 adhérents, seule une trentaine participe activement aux sorties à pieds ou à ski (de 1 à 8 jours, 50 sorties en 95), aux soirées diapos, aux sorties montagne-gastronomiques et au travail : refuge bibliothèque, matériel, administration. La section semble renouer avec ce qui, selon son premier président en faisait l’originalité : “Nous n’étions pas des conquérants mais des promeneurs : nos excursions étaient l’occasion d’aimables rencontres, d’admiration en commun devant un beau panorama, d’extases communes devant une plante rare…”. Cette originalité perdure avec ses sorties amicales non répertoriées… et ses défenseurs de nos sites et paysages tel Bernard Clos, dont les magnifiques photos, sur les plus illustres recueils sont nos meilleures ambassadrices.

Suzanne LACROIX