Dimanche 8 septembre – Escalade ANSABERE – voie “MONTANER-VINCENTE”

Un petit peu d’histoire (extrait du site http://aiguillesdansabere.free.fr)

6-5 Juin 1956

Il fait encore nuit quand l’expédition aragonaise quitte Saragosse à destination d’Oza dans une nouvelle voiture ; à son bord, Rabadá, Bescós, Montaner, Díaz, Vicente et Mustienes. Ce dernier les accompagne pour leur démontrer qu’il peut faire partie du Groupe de Haute Montagne. Le sourire s’efface de leurs lèvres avec le froid. Ils viennent de découvrir qu’une décapotable ne sert pas à voyager par ces latitudes. Le premier et seul arrêt avant d’arriver à Oza est pour une pâtisserie de Huesca, où ils s’arrêtent habituellement dans leurs sorties. Le commerçant se frotte les mains quand il voit entrer la grande perche de Rabadá, puisque celui-ci dévalise chaque fois toutes les figues fraîches de la vitrine. Une fois à Oza ils louent des mulets à un villageois, mulets qui les aideront à transporter tout leur matériel jusqu’à la cabane haute de Lacherito, où ils passeront la nuit. À trois heures de l’après-midi ils sortent de la vallée sous une bruine qui se transforme une pluie intense en arrivant à la cabane. Il est six heures.

 

Au matin suivant, après avoir déjeuné, les cordées et le matériel sont tirés au sort. On ne sait pas si le mauvais sort a voulu favoriser le reste du groupe, toujours est-il que Rabadá tombe avec l’aspirant Mustienes. Des éclats de rire confirment le soupçon. Rabadá et Mustienes iront à la Face Nord-est de l’Aiguille Nord dans laquelle serpente une voie ouverte par les français (1). Une autre cordée est formé par Díaz et Bescós, dont le destin sera la même aiguille mais par sa face est, où ils grimperont par une ligne ouverte l’année précédente là aussi par des grimpeurs français (2). Montaner et Vicente décident d’ouvrir un nouvel itinéraire par la face sud de l’Aiguille Sud. Ces deux derniers s’encorderont à vingt-cinq mètres avec deux cordes de chanvre, ils emportent une troisième corde de nylon de trente mètres. Ils entament l’escalade par une zone de la paroi présentant de bonnes prises et une qualité de roche acceptable. Après quelque trente mètres d’escalade, les prises sont encore bonnes, mais si elles s’arrachent de la paroi elles perdent toute leur utilité, ce qui les oblige à prendre du retard sur l’horaire établi par le « cerveau », comme ils appellent parfois Montaner. Quand la paroi est à nouveau compacte, cela augmente la fluidité de l’escalade, bien que les grimpeurs utilisent souvent le système de double corde. Au milieu d’une longueur dans laquelle travaille Vicente, le soir le surprend, et celui-ci est obligé de redescendre jusqu’à son compagnon, où le manque d’espace les oblige à monter un bivouac en deux niveaux (une espèce de duplex, tellement à la mode de nos jours). La pluie qui les avait épargné pendant la journée fait son apparition avec l’arrivée de la nuit, au milieu de laquelle l’eau change d’état liquide à gazeux, en formant un brouillard épais. Le matin se lève, et tandis qu’ils reprennent leur matériel leurs corps combattent le froid en grelottant. Sans voir encore le soleil ils entament l’ascension et les pas d’escalade qui paraissaient difficiles la veille sont maintenant réussis avec facilité. Quand Vicente arrive à l’endroit où il a du abandonner la veille, le soleil entame une bataille contre le brouillard. Au bout d’un moment, tandis que Vicente a gravi la fissure par laquelle il montait et arrive à une grande cheminée, le soleil paraît avoir vaincu et le brouillard abandonne la bataille.

 

La première partie de la cheminée est réussie par Montaner avec une élégance et une maîtrise, fruit de beaucoup d’heures dans la paroi. La longueur suivante offre les difficultés à Vicente qui, après avoir dépassé un surplomb, se retrouve dans une zone assez décomposée. Souvent dans ce type de zones, toutes faciles qu’elles sont, tu te fatigues beaucoup plus que dans l’escalade d’une plus grande difficulté. Épuisés et à cours de matériel, il n’a pas d’autre solution que de faire une relais sur ses étriers. Quand Montaner arrive à son tour, son visage donne des signes de fatigue, situation qui rassure Vicente, parce que cela signifie que le maître a souffert lui aussi. Sans prendre la peine de se reposer Montaner se prépare à franchir un toit de quelque cinq ou six mètres qui paraît vouloir leur barrer le chemin. D’abord il le tente par la droite, mais n’y parvenant pas, il décide de le tenter par la gauche. Peu à peu Vicente voit disparaître son compagnon, et quelques instants plus tard Montaner lance un cri annonçant que Vicente peut déjà monter. Depuis le relais, Vicente continue l’escalade jusqu’au dessus, d’où il émet un cri de Tyrolien pour célébrer la conquête ; cri qui est restitué par ses compagnons qui sont dans l’Aiguille Nord.

 

La descente est effectuée par la face nord entre cheminées et névés. Une fois sortis, la nuit les accompagnera tout le trajet jusqu’à la cabane. Là, devant l’étonnement d’être les premiers, ils préparent un dîner succulent, mais leurs compagnons n’arrivant pas ils se jetent au lit. Le lendemain, ils se réveillent sans nouvelles d’eux, situation qui commence à les rendre nerveux. À dix heures du matin ils décident d’aller les chercher. Tandis qu’ils s’approchent des aiguilles ils lancent des cris, attendant une réponse, mais celle-ci ne vient pas. Une fois dans la brèche où ils supposent que leurs compagnons doivent passer, ils décident que l’un d’eux doit rester là pendant que l’autre contournera l’Aiguille Nord. C’est Montaner qui reste là. Enfin, un des cris de Vicente est entendu de Bescos et Díaz, lesquels expliquent que Rabadá et Mustienes n’ont plus qu’un rappel à faire. Une fois tout le monde réunis avec Montaner, ils racontent leur aventure.

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